du jeudi 09 au vendredi 10 avril 2026

THÉÂTRE

Une bonne histoire

Adina Secretan

Compagnie La Section

© Sylvain Chabloz
© Sylvain Chabloz
© Sylvain Chabloz

Présentation

En 2003, des militants et militantes altermondialistes entament la rédaction d’un ouvrage destiné à rendre publics divers faits incriminant la multinationale Nestlé et ses pratiques controversées en matière de droit du travail, d’environnement, de fiscalité... Dans ce groupe militant, Sara Meylan, étudiante neuchâteloise, discrète et timide, participe aux discussions, rédige les procès-verbaux, écrit un des chapitres du livre, se lie d'amitié avec le collectif… Puis disparaît, sans laisser de traces. Sara Meylan, comme d’autres au sein du groupe, était en fait une espionne, employée par la société Securitas - plus grande entreprise de sécurité privée - au bénéfice de la multinationale. Mais qui était-elle vraiment ? Nul ne le sait.  
 
C’est de cette affaire bien réelle, surnommée le Nestlégate, que s’inspire Adina Secretan. À partir de témoignages réels, d’articles de journaux et du livre Attac, contre l’empire Nestlé, paru en 2004, la metteure en scène compose ce spectacle, porté par les comédiennes Joëlle Fontannaz et Claire Forclaz. Incarnant les taupes les plus connues de cette affaire, elles ravivent les fragments d’une histoire oscillant entre réalité et fiction. Leur jeu dévoile une enquête troublante, une affaire d’espionnage et d’infiltration, à la recherche d’une vérité hors de portée… Une bonne histoire, est une histoire plus vraie que nature. À moins que… 


INTENTIONS

Rapatrier l’épaisseur et la complexité du « réel »
Le spectacle est exclusivement constitué de témoignages de personnes concernées et rejoués à la virgule près, par deux comédiennes. Deux comédiennes, qui se retrouvent seules en scène, tout comme l’étaient les deux taupes les plus connues de cette histoire.
Ce travail de reenactment met en valeur la phénoménologie du discours oral - ses particularités qualitatives, sa musicalité, son affectivité, sa spontanéité -, envisagée comme une source riche et puissante, pour se mettre en contact avec la chair d’une histoire. Le théâtre permet en effet de se souvenir, collectivement, que des contextes dits politiques – qu’il s’agisse d’activisme, d’appareils d’Etat, ou d’entreprises privées – sont in fine faits de corps, de voix, et de l’épaisseur sensorielle d’un vécu.
Dans l’affaire dite du Nestlégate – pour laquelle d’innombrables zones d’ombre demeurent – l’empressement à classer l’affaire, et l’oubli, ont participé à un déni de la dimension vivante, affective, complexe, de cette expérience d’infiltration. L’instrumentalisation systémique de personnes – qui est inhérente à la pratique de l’infiltration, qu’il s’agisse des activistes, comme des "taupes" employées – implique toujours des processus de simplification, de déshumanisation, ou de réassignation d’identités.
Ainsi, des historiennes et des enseignantes, somme toute très sages, deviennent de dangereuses terroristes, tandis que des apprenti·es sorcièr·es de l’infiltration ne sont qu’une ligne, sur des fiches de salaire. À travers l’acte artistique qui consiste tout simplement à déterrer une "vieille histoire" et à la raconter, ce travail cherche alors un double mouvement : procéder à la fois de la simple dénonciation de faits historiques silencés et à la fois d’une tentative de réparation rituelle.
Une possible réparation, qui s’effectuerait par la quête d’un processus de réhumanisation, au travers de la représentation théâtrale, et de la parole vivante. Par une sorte de jeu de miroir amusé, Une Bonne Histoire travaille ainsi, au départ, à partir d’une mauvaise mise en scène introduite de force dans le réel, pour ramener en retour, sur les planches d’un théâtre, toute la complexité de l’hyperréel.


BIOGRAPHIE

Formée en danse classique et contemporaine au Conservatoire de Musique de Genève et au collectif du Marchepied à Lausanne, ainsi qu’à l’Unil-Dorigny (master français moderne et philosophie ) et à la HETSR (master spécialisation mise en scène et certificate of advanced studies en médiation théâtrale - dont elle sera ensuite responsable d’enseignement pour les années 2012-2014), Adina Secretan travaille en Suisse et ailleurs comme artiste scénique, et dramaturge. Ses projets se développent également hors les murs et dans des contextes non scéniques, sous forme de collaboration collective et d’invitations faites à d’autres artistes ainsi qu'à des personnes issues d'autres parcours et milieux sociaux. Elle a bénéficié de divers programmes de résidences en Suisse, France, Lettonie, Brésil, Chili. Elle est artiste associée du far°, festival des arts vivants de Nyon, pour les années 2017 à 2019. En 2024, elle est lauréate du Prix suisse des Arts de la scène, délivré par l’Office Fédéral de la Culture.

Voir, écouter et lire

Le Club de Mediapart

Les deux comédiennes – Claire Forclaz et Joëlle Fontannaz, toutes deux épatantes – reprennent ainsi scrupuleusement la parole des protagonistes à la virgule près. (…) Entre refictionnalisation et hyperréalisme, Une bonne histoire est un spectacle réjouissant, à la fois poétique et drôle – ce qui permet de faire passer beaucoup de choses –, intelligeant et citoyen, éminemment nécessaire. 

Guillaume Lasserre

Libération

D’une affaire politique qui aurait pu faire un thriller, Adina Secretan fait un drame délicat et sensible et donne une forme nouvelle à un théâtre politique.

Sonya Faure

Le temps

Une Bonne Histoire est vraiment une bonne histoire. Excellente même. (...) Mais si cette Bonne Histoire est une réussite, c'est parce que ce spectacle est un petit bijou de mise en scène. » 

Marie-Pierre Genecand

Séances et tarifs

Générique

Enquête, mise en scène et voix : Adina Secretan • Jeu : Joëlle Fontannaz & Claire Forclaz • Marionnette, costumes et accessoires : Séverine Besson • Création lumière et espace scénique : Florian Leduc • Création sonore : Benoît Moreau • Régie et collaboration à la scénographie : Redwan Reys • Collaboratrice à la scénographie : Marine Brosse • Diffusion : Clémence Faravel • Avis de droit : Me Luisa Bottarelli, Collectif d’avocat.e.s, Lausanne • Partage des savoirs et aides multiples : Lionel Baier, Louis Bonard, Jessica Droz, Alec Feuz, Franklin Frederick, David Gagnebin-de Bons, Elise Gagnebin-de Bons, josette, Julia Kreuziger, müsli, Florence Proton, Janick Schaufelbuehl, Béatrice Schmid, Sébastien Schnyder, Barbara Rimml, Dragos Tara, zonZon • Images et vidéo : Sylvain Chabloz, Cristina Müller & Yuri Tavares • Avec : toutes les personnes qui ont contribué à l'enquête, par leur témoignages et leurs connaissances


Coproduction : Arsenic – Centre d’art scénique contemporain, Lausanne • Coproduction aux résidences de recherche salariées : Le Grütli – Centre de production et de diffusion des Arts vivants, Genève • Soutiens : Canton de Vaud, Ville de Lausanne, Loterie Romande, Fondation Leenaards, Fondation Ernst Göhner • Sélection : Sélection Suisse en Avignon, Festival d’Avignon 2024

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