Le mercredi 08 octobre 2025 à 21h



Présentation
Vidéos documentaires, montages sonores, projections... The Cloud se déploie à l’intersection de vecteurs multiples : actions humaines et non humaines, biographies et récits historiques, faits et fictions. Il s’agit tout autant d’une enquête sur le nuage toxique émis par le réacteur de Tchernobyl que sur celui, immatériel, du Cloud numérique qui alimente les intelligences artificielles. Quel sens donner alors au corps humain à ce point de convergence, aussi improbable qu’inévitable, entre ces deux nuages ?
Transposée dans le champ de l’intelligence artificielle, la réalité se métamorphose en continu, jusqu’à perdre toute familiarité. Ce qui relevait autrefois du témoignage tangible — tel un document établi par la police scientifique, preuve irréfutable du réel — se dissout désormais sous nos yeux. Il devient une entité instable, aux contours flous : une machine paranoïaque, un hyperobjet insaisissable. Cette irradiation technologique du présent déclenche une cascade de mutations symboliques, aussi incontrôlables qu’opaques. Un processus qui évoque étrangement un autre tournant critique de la modernité : l’avènement de l’énergie nucléaire — à la fois menace imminente et promesse d’un pouvoir sans précédent.
CONTEXTE
Le 26 avril 1986, le réacteur n° 4 de la centrale nucléaire de Tchernobyl a explosé suivant des tests mal effectués, les opérateurs ont perdu le contrôle. Un surplus d’énergie a tué immédiatement les travailleurs à proximité et exposé les autres à des niveaux de radiations rapidement mortels. Dans la ville voisine de Pripyat, en Ukraine, les gens se sont réveillés avec une détresse respiratoire et des nausées. Il a fallu deux jours pour que l'explosion soit annoncée, en termes vagues, au journal télévisé soviétique. Ce n'est que lorsque la Suède a découvert un nuage de rayonnement qui avait dérivé à travers l'Europe que la véritable étendue de l'explosion de Tchernobyl a été révélée. Le nuage de graphite brûlant a d'abord voyagé dans une direction nord-ouest vers la Suède, la Finlande et l'Europe de l'Est, et plus tard vers les parties méridionales de l'Europe, exposant les être vivants à des niveaux jusqu'à cent fois le rayonnement de fond normal.
Arkadi Zaides lui-même est né en 1979 en Biélorussie, qui faisait à l'époque partie de l'URSS, dans la ville de Gomel, située à 140 km de la zone affectée. Il avait six ans lorsque la catastrophe de Tchernobyl a eu lieu. Les années suivantes se sont passées sous la menace constante d'un ennemi invisible : la radiation. Dans son corps, des niveaux de rayonnement supérieurs à la normale ont été détectés après l'accident de Tchernobyl, ce qui a entraîné une série de traitements et un état de panique dans sa famille. Dans le processus de création de cette pièce, Zaides se confronte à ses peurs les plus profondes tout en se penchant sur sa propre biographie. Une autre menace que la radiation était le contrôle absolu de toute information liée à cette catastrophe par le gouvernement soviétique. Beaucoup de spéculations ont aussi circulé sur les tests effectués et sur l'accident qui en a résulté. Certains ont suggéré que l'explosion était le résultat d'un tremblement de terre naturel, d'autres d'un tremblement de terre causé par des armes tectoniques. Ces derniers ont été développés aux États-Unis et en URSS pendant la guerre froide, une théorie de complot disait que les États-Unis visaient à effondrer l'Union soviétique grâce à celui-ci. On est allé jusqu'à dire que l'explosion était le résultat d'une attaque d'OVNI.
Lors de la récente tentative de la Russie d'envahir l'Ukraine, Tchernobyl a été le premier emplacement dont les forces russes ont conquis. L'occupation de la centrale nucléaire a provoqué l'état d'urgence et de panique en Europe et dans le monde. Deux mois plus tard, Tchernobyl a également été la première zone de laquelle les Russes se sont retirés, selon les sources ukrainiennes les raisons de celle-ci sont des «doses importantes» de radiations prises par les soldats russes lors du déplacement de véhicules lourds dans des zones hautement contaminées et lors du creusement de tranchées dans la forêt autour de la centrale. Cette réaction a révélé non seulement le danger réel qui réside dans les terrains contaminés de Tchernobyl, mais aussi une place symbolique que cet endroit occupe dans notre conscience collective. »
BIOGRAPHIE
Arkadi Zaides est un chorégraphe et artiste visuel indépendant israélien d'origine biélorusse, vivant actuellement en France. En Israël, il a été interprète pour plusieurs compagnies telles que la Batsheva Dance Company et Yasmeen Godder Dance Group avant de se lancer dans une carrière indépendante en 2004. Il est titulaire d’un master de l'AHK Academy of Theatre and Dance à Amsterdam (NL) et travaille actuellement sur un doctorat basé sur la pratique à l'Université d'Anvers et à l'Université de Gand. Il est membre du groupe de recherche CORPoREAL au Conservatoire Royal d'Anvers et membre de S:PAM (Studies in Performing Arts & Media) à l'Université de Gand. Ses performances et installations ont été présentées dans de nombreux festivals de danse et de théâtre, musées et galeries à travers l'Europe, l'Amérique du Nord et du Sud et l'Asie. Au fil des années, il a organisé des projets tels que New Dance Project (2010-2011) avec la chorégraphe Anat Danieli, Moves Without Borders (2012-2015) en coopération avec le Goethe Institute de Tel Aviv et Violence of Inscriptions (2015-2018) avec la chercheuse, curatrice et dramaturge Sandra Noeth. Ce projet a réuni des artistes, des penseurs et des militants des droits de l'homme pour penser le rôle du corps dans la production, le maintien, la légitimation, la représentation et l'esthétisation de la violence structurelle. Arkadi Zaides a reçu plusieurs prix, dont un pour son engagement dans la domaine des droits de l'homme par la Chaire Emile Zola pour le dialogue interdisciplinaire sur les droits de l'homme à Tel Aviv.
Séances et tarifs
Générique
Concept et direction : Arkadi Zaides • Dramaturgie : Igor Dobricic • Interprétation : Arkadi Zaides, Misha Demoustier, Axel Chemla--Romeu-Santos • Intelligence Artificielle, développement des interfaces, création sonore : Axel Chemla--Romeu-Santos • Cinématographie : Arthur Castro Freire • Création lumière : Jan Mergaert • Direction technique : Étienne Exbrayat • Administration et direction de production : Simge Gücük / Institut des Croisements (FR)
Production exécutive : laGeste • Coproduction : Montpellier Danse (FR), Maison de la Danse, Lyon – Pôle européen de création (FR), Charleroi Danse (BE), Mousonturm, Francfort-sur-le-Main (DE) • Accueil studio : Teatro Biblioteca Quarticciolo, Rome (IT), PACT Zollverein, Essen (DE), CAMPO, Gand (BE), Dialoghi / Villa Manin, CSS Teatro stabile di innovazione del Friuli Venezia Giulia, Codroipo/Udine (IT) • Recherche initiale réalisée dans le cadre de SoundImageCulture (SIC), soutenue par la Fédération Wallonie-Bruxelles et VAF – Vlaams Audiovisueel Fund • Accueil en résidence dans le cadre du programme de recherche A.R.T. de La Comédie de Valence, CDN (FR) • Avec le soutien de : Ministère de la Culture / Direction générale de la création artistique, DRAC AURA, TMU New York