du jeudi 24 au vendredi 25 février 2022

Théâtre

Superstructure

Hubert Colas - Diphtong Cie

d'après un texte de Sonia Chiambretto

© Hervé Bellamy
© Bellamy
© Bellamy
© Hervé Bellamy
© Hervé Bellamy
© Hervé Bellamy

Présentation

Superstructure prend place dans une ville dystopique, une Alger réinventée par Le Corbusier. Là, dans les plis des couches de mémoire qui se superposent, surgissent différents personnages mus par un même souffle, une même urgence de dire leurs indignations, leur révolte et leurs rêves, chacun depuis son endroit de l’histoire. Leurs trajectoires se suspendent aux lignes de cette architecture fantasmée, et c’est alors que le passé récent de l’Algérie se déploie par fragments, de la guerre d’indépendance à l’époque contemporaine en passant par la « décennie noire » de la guerre civile.

Comme à son habitude, Sonia Chiambretto puise à toutes les sources pour proposer une écriture qui mélange adroitement textes de création, témoignages et documents d’archives afin de convoquer sur le plateau le concret de l’histoire dans toute son épaisseur et toute sa richesse. De ce creuset jaillit une parole libre de la bouche d’hommes qui se battent farouchement contre l’oppression, contre le souvenir et contre l’oubli, pour résonner puissamment à nos oreilles.


GENÈSE DE SUPERSTRUCTURE
Gratte-ciel

« Comment parler de l’Algérie contemporaine, de sa jeunesse en proie à une désespérance absolue et dont le rêve est de « brûler » – comprenez quitter ce pays riche qui ne lui promet rien -, sans revenir sur la décennie noire, celle du terrorisme et sur la guerre d’indépendance ?
Sonia Chiambretto pousse toujours plus loin sa démarche documentaire de collecte et de réécriture de témoignages, donne la parole aux jeunes Algériens de ces trois époques récentes, encore frémissantes de nombreux tabous collectifs (sur cette rive, surtout) et à un jeune soldat français indigné par les méthodes de son armée dite de « pacification ». Tous, chacun à sa façon, depuis son propre endroit de l’histoire, de multiples façons, fragmentaires, explosives, racontent au fond la même chose, le même drame national, la même confiscation, armée. Les mêmes exactions. Les mêmes indignations et aspirations. La même urgence de vie. De dire. Une œuvre chorale, avant tout adressée.
À un public français qui a rarement eu l’occasion d’entendre parler ainsi de l’Algérie. D’entendre ainsi parler l’Algérie, plutôt : aussi ouvertement, aussi diversement, aussi fortement… D’entendre vraiment parler l’Algérie. Une Algérie qui ne se tairait plus.
Histoire ? Roman ? Journalisme ? Poésie ? Aussi.
Contre-pied, certainement.
Oeuvre de réconciliation, ici.
Théâtre surtout.
Car Hubert Colas nous offre cette adresse poétique dans un écrin, sans cesse mouvant, à la fois sonore, musical et d’images saisies sur places, extraites, reproduites, qui convoquent à chaque instant le concret de l’histoire au centre du plateau, comme une ruine contemporaine, habitée. De fantômes. Et d’une jeunesse que l’on découvre sans bornes.
Nous y entrons depuis la mer, par le port d’Alger.
Nous en sortons en devinant une barque à l’horizon, comme la lueur d’espoir que quelqu’un "brûle" cette mer.
« Cours, Hakim, cours ! » »
Jean-Luc Bonhême


BIOGRAPHIE

Hubert Colas est auteur, metteur en scène et scénographe. Publié aux éditions Actes Sud-Papiers, Hubert Colas crée, en 1988, Diphtong Cie. Il y monte la plupart de ses textes parmi lesquels Temporairement épuisé, Nomades, La Brûlure, La Croix des oiseaux, Sans faim, Le Livre d’or de Jan, Texte M
En écho à son travail d’auteur, Hubert Colas explore aussi les écritures de contemporains comme Witold Gombrowicz (Mariage), Christine Angot (Nouvelle Vague et La fin de l’amour), Sarah Kane (Purifiés, 4.48 Psychose), Martin Crimp (Face au Mur, Avis aux femmes d’Irak), Sonia Chiambretto (CHTO Trilogie), Rainald Goetz (Kolik, Jeff Koons), Annie Zadek (Nécessaire et urgent).
En 2005, il traduit et met en scène Hamlet de Shakespeare à La Criée - Théâtre National de Marseille, spectacle présenté ensuite au 59ème Festival d’Avignon. Par son approche sans cesse renouvelée des textes, Hubert Colas célèbre l’écriture théâtrale dans toute sa diversité. Mais c’est le temps de la représentation qui est au coeur de ses préoccupations. Le travail de recherche et de répétitions est tout entier tourné vers cet échange à venir : la rencontre avec le public. Son approche de la scène est frontale et sans ambiguïtés.
En 2007 et 2008, Hubert Colas est auteur artiste associé au Théâtre National de La Colline, où il présente en 2008 Sans faim & Sans faim... (2), puis Face au Mur de Martin Crimp, puis devient, en 2009-2010, artiste associé au Lieu Unique à Nantes. Il crée en 2009 Le Livre d’Or de Jan au 63ème Festival d’Avignon puis, 12 Soeurs slovaques, dernier volet de la trilogie CHTO de Sonia Chiambretto, au Théâtre de la Cité internationale à Paris.
En 2011, il crée Kolik de Rainald Goetz au Centre Pompidou-Metz et en 2012, Stop ou Tout est bruit pour qui a peur, qu’il a écrit au Théâtre de Gennevilliers. En 2013, il écrit et crée en collaboration avec Jean-Jacques Jauffret No Signal [?Help], avec les élèves de 3ème année de l’ERAC, à La Friche la Belle de Mai, puis, Gratte-Ciel de Sonia Chiambretto dans le cadre du Festival de Marseille à la Villa Méditerranée. Il crée en 2014 Nécessaire et urgent d’Annie Zadek à La Bâtie-Festival de Genève et en 2015, Texte M. aux Théâtres Garonne et Sorano à Toulouse.
Depuis 2001, Hubert Colas est aussi directeur de montévidéo, centre de créations dédié aux écritures contemporaines qu’il crée à Marseille. Avec montévidéo, il offre une résonance singulière aux écritures d’aujourd’hui et favorise les croisements entre les disciplines artistiques.
En 2002, il initie Actoral, festival international qui chaque année interroge les écritures contemporaines dans tous les domaines artistiques et reprend, en 2012, la direction de la revue littéraire marseillaise IF fondée par les poètes Liliane Giraudon, Jean-Jacques Viton et Henri Deluy.
En 2016 il crée à Marseille Une Mouette et autres cas d’espèces, libre réécriture de La Mouette d’Anton Tchekhov par Édith Azam, Liliane Giraudon, Angélica Liddell, Nathalie Quintane, Jacob Wren, Annie Zadek et Jérôme Game. Il présente également à La Colline à Paris, Nécessaire et urgent d’Annie Zadek, création 2014 de la compagnie. Il signe aussi la scénographie du spectacle 2666 de Roberto Bolaño mis en scène par Julien Gosselin pour la 70ème édition du Festival d’Avignon et présente son spectacle Texte M. à l’Usine C à Montréal en novembre.
En 2018, il présente sa dernière création Désordre lors du festival Actoral à Marseille, Montréal et Ottawa. Il sonde avec cette nouvelle écriture la solitude, le silence, le désordre sentimental, le désordre des réseaux et celui de la communication.

Voir, écouter et lire

Janvier 2022

Les Inrocks

Protocole poétique appliqué à l’Histoire, le spectacle témoigne des rêves autant que des cauchemars d’un pays où le peuple doit se battre à chaque époque pour se revendiquer d’une liberté encore et toujours confisquée.

Séances et tarifs

Générique

Superstructure, adapté librement des deux premières parties du livre Gratte-ciel de Sonia Chiambretto (© L’Arche 2021) • Mise en scène et scénographie : Hubert Colas • Avec : Sofiane Bennacer, Mehmet Bozkurt, Ahmed Fattat, Isabelle Mouchard, Perle Palombe, Nastassja Tanner, Manuel Vallade • Vidéo : Pierre Nouvel • Lumières : Fabien Sanchez • Son : Frédéric Viénot • Costumes : Fred Cambier • Assistanat mise en scène : Lisa Kramarz • Assistanat scénographie : Andrea Baglione • Régie générale : Nils Doucet • Régie vidéo : Hugo Saugier


Production : Diphtong Cie • Coproduction : Théâtre National de Strasbourg, Théâtre de Liège, MC2:Grenoble • Avec le soutien : du Fonds d’Insertion pour Jeunes Artistes Dramatiques, la Direction Régionale des Affaires Culturelles de Provence-Alpes-Côte d’Azur, la Région Sud Provence-Alpes-Côte d’Azur et de la Spedidam • Le décor a été fabriqué par les ateliers du Théâtre National de Strasbourg • Le texte intégral de Sonia Chiambretto est publié et représenté par L’ARCHE • Diphtong Cie est conventionnée par le Ministère de La Culture - Direction Régionale des Affaires Culturelles Provence-Alpes-Côte d’Azur et subventionnée par la Ville de Marseille, la Région Sud Provence-Alpes-Côte d’Azur, le Conseil départemental des Bouches-du-Rhône

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