Le mercredi 24 avril 2019 à 20h30

Théâtre

Passion simple

Émilie Charriot

Cie Émilie Charriot

D'après le roman d'Annie Ernaux

© Agnès Mellon
© Agnès Mellon
© Agnès Mellon
© Agnès Mellon

Présentation

« À partir du mois de septembre l'année dernière, je n'ai plus rien fait d'autre qu'attendre un homme : qu'il me téléphone et qu'il vienne chez moi. […] »

Émilie Charriot complète, avec Passion simple, une trilogie consacrée à la sexualité confrontée à l’affect, à la culture et aux enjeux politiques. Ce court roman autofictionnel d’Annie Ernaux, rapporte un an de sa vie durant lequel elle s’est entièrement abandonnée à une relation avec un homme marié, organisant son existence intime, sociale et professionnelle autour de leurs rares et furtives rencontres. Elle détaille ce que le désir, l’attente et la passion bouleversent.

Dans cette pièce, la jeune metteure en scène suisse imagine un théâtre sur le fil de la transgression ; elle en propose une adaptation personnelle avec des choix scénographiques surprenants et se réapproprie pleinement le dispositif, sans pour autant abandonner l’émotion et l’énoncé. Avec Annie Ernaux, elle trouve un autre chemin pour mettre en scène un être-femme d’aujourd’hui. Amour et théâtre sont alors pour l’artiste deux moyens de se révéler à soi-même.

NOTE D'intention :


« J’inscris Passion simple dans le cadre d’une trilogie dans laquelle j’ai questionné la sexualité et ses tabous dans l’écriture contemporaine, sous forme de monologues. Le premier acte de ce triptyque était King Kong Théorie de Virginie Despentes (créé en 2014 à l’Arsenic) qui traitait de la sexualité tarifée et du viol. Le second volet s’est déroulé au printemps 2017 à Vidy, avec le thème de la zoophilie traité par Antoine Jaccoud dans Le Zoophile.

J’ai choisi des auteurs contemporains qui me semblent percutants pour traiter de questions troubles et taboues. Ainsi je peux poursuivre ma démarche : un acteur, un texte, une lumière. Ma volonté étant de retraduire en chair et en os l’univers des ces auteurs singuliers. La différence entre lire ces livres chez soi et les voir incarnés sur le plateau ? - La place de l’émotion à mon avis. Faire entendre une pensée dans ce que je crois être le plus proche de son auteur et en transcendant par la biais du théâtre des questions actuelles.

Annie Ernaux a écrit une vingtaine de livres. Parmi ses plus connus, on compte Les années, ou encore L’Événement… Son oeuvre littéraire, pour l’essentiel autobiographique (on parle à son sujet d’« auto-fiction »), entretient des liens étroits avec la sociologie. Voilà comme elle-même se définit dans son travail : « Je me considère très peu comme un être singulier, au sens d’absolument singulier, mais comme une somme d’expériences, de déterminations aussi, sociales, historiques, sexuelles, de langages, et continuellement en dialogue avec le monde (passé et présent), le tout formant, oui, forcément, une subjectivité unique. Mais je me sers de ma subjectivité pour retrouver, dévoiler les mécanismes ou des phénomènes plus généraux ». Cette question du « personnel » qui devient un positionnement « universel » se présente comme un axe principal dans mes spectacles. C’était déjà le cas avec Virginie Despentes. Se servir de son expérience intime pour penser le monde et se construire comme artiste et femme publique en l’occurrence.

Dans Passion Simple, Annie Ernaux relate avec des mots choisis au cordeau la passion qu’elle a vécue avec un homme marié dans les année 90. Elle, la grande auteure, intellectuelle et cultivée n’arrive plus à penser le monde, à écrire, à entrer en contact avec autrui. Enfermée par la passion, elle ausculte le moindre signe qui lui parle de son amour. Robes, maquillage, horoscope, une avalanche de superstitions grandioses la tiennent en équilibre dans ce temps arpenté où rien n’est supportable qui n’évoque l’être aimé, son visage, son sexe, le désir qui l’anime. L’histoire la plus intime grandit, devient universelle, là où il n’y a plus ni hétérosexualité, ni homosexualité, mais l’amour tangible, saisi à pleines mains, violemment réel. Dans son oeuvre, Annie Ernaux explique en quoi l’écriture a tenu un rôle important dans sa vie, et dans sa construction. Elle n’est pas seulement femme, elle est une femme artiste, et un personnage public. Dans Passion simple, elle compare l’acte d’écrire à l’acte sexuel. J’ai pour ma part fait le parallèle entre ce que le théâtre apporte à ma vie et comment être une femme artiste contribue à une construction individuelle et sociale. Et puis, on peut aussi entretenir un rapport charnel, sensuel aux mots, et à la scène. Le mot passion fait automatiquement et simultanément référence à deux pôles essentiels de ma vie, souvent indissociables : le théâtre et l’amour. Il m’était essentiel de porter ce texte. »

Emilie Charriot


Biographie :

Diplomée de la Haute Ecole de Théâtre Suisse Romande en 2012, Emilie Charriot a commencé par pratiquer le théâtre amateur en banlieue parisienne durant une dizaine d’années. Puis de 2002 à 2009, elle a enseigné le théâtre dans des conservatoires municipaux.

Elle se forme comme comédienne autodidacte dans des spectacles professionnels à Paris et en Ile-de-France. De 2008 à 2012, elle a fondé et dirigé la Compagnie Du Déserteur, subventionnée par la Communauté d’Agglomération de Saint-Quentin-en-Yvelines. Elle travaille alors principalement sur des textes d’auteurs d’Europe de l’est : Matéi Visniec, Witold Gombrowicz, Slawomir Mrozek… Après sa formation en Suisse, elle a joué sous la direction de Christian Geoffroy Schlittler, Oskar Gomez Mata, Massimo Furlan et Jean-Louis Hourdin. Ponctuellement, Emilie Charriot continue d’enseigner le théâtre sous forme de stages dans des hautes écoles. Elle prête également sa voix à la chaine Espace 2 (RTS) et tient un des rôles principaux dans le premier long-métrage de Robin Harsch (Ritaproductions).

En 2013, elle met en scène La Sérénade de Slawomir Mrozek, pour l’inauguration de la Fondation Michalski. Puis en 2014, elle met en scène King Kong Théorie, adaptation scénique de l’oeuvre de Virginie Despentes. Ce spectacle a été sélectionné pour la première Sélection Suisse en Avignon et est actuellement en tournée européenne. En 2016, elle met en scène Ivanovde Tchékhov à l’Arsenic , spectacle actuellement en tournée française. En 2017, elle met en scène le Monologue du Zoophile d’Antoine Jaccoud dans lequel elle dirige Jean-Yves Ruf . Cette saison, elle interprète et met en scène Passion simple d’Annie Ernaux.

Voir, écouter et lire

RTS

Reportage sur Passion simple d'Emilie Charriot - La puce à l'oreille
16 novembre 2017

 

RTS

Nectar
9 novembre 2017

France Culture

L'Atelier Fiction -  Passion simple de Annie Ernaux
1er mai 2018

10 novembre 2017

Scèneweb

Émilie Charriot signe une délicate mise en scène de Passion simple d’Annie Ernaux.

6 novembre 2017

Le Temps

Sur une scène nue, seulement scandée par les éclairages, les comédiens fixent le public et disent des mots souvent incandescents avec un naturel désarmant.

15 novembre 2017

Carnet d'Art

Émilie Charriot transmet de façon délicate et forte sa propre passion au théâtre et à l’autre.

Novembre 2017

L'Atelier Critique

On regarde, on est pris, doucement mais irrémédiablement happé par ce qui se joue, par cette femme qui montre sa passion. Par cette passion qui prend forme dans la voix comme un fleuve.

1er novembre 2017

24 heures

Sans artifice scénique, la jeune metteuse en scène monte Passion Simple et confie sa relation particulière au théâtre et à Annie Ernaux.

2à novembre 2017

Lausanne bondi blog

Une rencontre sensible.

16 novembre 2017

RTS

Emilie Charriot, comédienne et metteuse en scène, qui empoigne avec bonheur des textes qui traitent des émotions exacerbées et des rapports amoureux avec une dimension sociale ou politique.

13 novembre 2017

24 heures

Émilie Charriot puise la force de son théâtre dans la puissance des mots, dans la subtilité des artifices scéniques convoqués et, surtout, dans la rigueur minimaliste avec laquelle elle met en rythme paroles, corps, mouvements, lumières. Sur un plateau nu. Avec une audace à contrecourant des tics de la création contemporaine.

Séances et tarifs

Générique

Mise en scène : Émilie Charriot • Lumière : Yan Godat • Collaboration dramaturgique : Igor Cardellini • Collaboration artistique : Valérianne Poidevin • Regard extérieur : Delphine Rosay, François-Xavier Rouyer • Avec : Émilie Charriot, Nora, et les musiciens Billie Bird et Marcin de Morsier


production : Cie Emilie Charriot • coproduction : Théâtre Vidy-Lausanne, Théâtre Saint-Gervais,Genève • Avec le soutien de : Loterie Romande, Ville de Lausanne, Canton de Vaud, Pour-cent culturel Migros, Fondation Nestlé pour l’Art, Fondation Leenaards, Fondation Ernst Goehner, SIS • remerciements : Delphine Rosay, Jérome Meizoz, Sun Hye Hur, Marie Ripoll, les enfants Lou, Zoé, Anna, Alice, Jeanne, Morgane, Lilla et leurs parents • La Compagnie Emilie Charriot bénéficie d’un contrat de confiance avec la Ville de Lausanne 2017-2020. • La Compagnie Emilie Charriot bénéficie de Prairie 2016-2019, le modèle de coproduction du Pour-cent culturel Migros en faveur de compagnies de théâtre et de danse innovantes suisses. • Le texte Passion simple est publié aux Éditions Gallimard

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