du mercredi 02 au jeudi 03 avril 2025
Présentation
Assister à une création de Michel Schweizer, c'est un peu comme jouer à un grand jeu de société. Il faut être plusieurs, se réunir et avoir envie de de partager une expérience ludique et collective. Établir les règles du jeu, souvent simples, même si les enjeux sont plus complexes... Mettre en place une stratégie individuelle ou des tactiques de clans. Il faudra parfois savoir se laisser aller aux aléas du hasard, pourtant savamment organisé. Peut-être avoir un peu de chance aussi. Dans tous les cas, il y aura sans nul doute des échanges et des rires. Du frottement et des grincements aussi. Manque de fair-play oblige…
Pour cette nouvelle partie du parc humain, pas de chien, comme il l'avait déjà expérimenté dans Bleib. Ici, Michel Schweizer distribue les cartes pour une meute de jeunes adultes pratiquant la danse. Toutes les danses. DOGS prend le corps en prétexte et le verbe en principe actif. Ici se joue toujours l’autre, les singularités, notre rapport au monde, à ses mutations. En maître du jeu, Michel Schweizer orchestre autour de cette jeunesse, un grand tournoi de l’art de la vérité, promis à une énergie vitale de grande intensité. Et sur ce bel échiquier, chaque pion à sa place, vous y compris !
Note d’intention
« DOGS - une pièce de danse ? Pas seulement. Un collectif de jeunes danseurs ou la réunion singulière de fortes personnalités.
Je considère la pratique chorégraphique comme une opportunité auto centrée de se sentir bien vivant et au plus près de soi. Je la situe comme une activité humaine qui n’est pas naturelle, qui trouve sa justification par l’histoire intime du sujet qui en fait, parfois, une nécessité de vie.
Une manifestation du corps qui se tient dans une jouissance sans négativité, une exploitation de soi volontaire libérée du langage parlé. Et donc un exercice vital pour la liberté qu’il induit.
(…) Avec ces profils marginaux, se pose alors de manière aigüe la question de la valeur de ce qu’ils produisent, de leurs capacités à faire commerce de soi. Comment leur agitation physique singulière réussit-elle à capter l’attention, l’intérêt et avec quel degré de conscience agissent-ils ? Quelle quantité de temps de travail représente leur savoir-faire singulier pour qu’il puisse constituer une valeur d’utilité socialement partagée ? Où se situe, avec ces profils-là, la notion de savoir-faire supérieurement intégré ? A quel stade ce savoir-faire dégage-t-il une valeur exploitable dans une production spectaculaire ?
Ces questions m’intéressent. Elle concerne l’économie du vivant et la dimension des profits qu’elle induit lors de chaque manifestation spectaculaire produite dans un théâtre. Parce que nous vivons, comme l’affirme le philosophe Byung-Chul Han, dans une société des singularités, dans laquelle paradoxalement le singulier véritable, l’incomparable, n’y apparaît pratiquement pas, je choisis donc pour ce projet de création de rechercher et de réunir de singulières personnalités, disposant déjà d’une capacité à exposer leur propre langage chorégraphique mais aussi capable d’affirmer leurs points de vue sur le monde commun, dans lequel leur histoire personnelle et professionnelle chemine. Capables de nommer ce qui s’est déjà soustrait ou absenté de leur vie : qu’est-ce qui demeure vital dans le parcours qu’ils ont choisi ?
Cette perspective et cette diversité sous-entendent une représentation élargie des profils sociaux culturels approchés et présents dans cette réalisation, afin qu’à travers une réunion de mondes, la question de l’altérité s’éprouve pleinement... »
Michel Schweizer
Biographie
Michel Schweizer n’est pas diplômé en biologie moléculaire. Ne cherche pas à « susurrer la danse à l’oreille ». Ne l’a jamais étudiée à Berlin, Paris ou New-York. Ne l’a pas pour autant découverte à l’âge de quatre ans. N’a toujours pas engagé de Plan d’Épargne Logement. Ne refuse pas la rencontre. N’a pas eu la chance d’apprécier l’évidence de la première fois. Ne saurait envisager son activité sans une profonde méfiance. Ne pourrait trouver d’autre mot pour définir ce qu’elle lui occasionne : du luxe. N’a toujours pas eu l’occasion de sourire de son prochain investissement : un costume Slim Fit Hugo Boss. Ni celle de réagir à sa paradoxale acclimatation au dehors. N’a toujours pas relu tout Deleuze. N’a pas la prétention de dire qu’il se trouve prétentieux. Ne travaille pas à « faire vibrer son sacrum ». Ne suppose pas la production sans ce(ux) qui la génère(nt) et l’autorise(nt). N’a pas lu La vie sexuelle de Catherine M… Ne feuillette que très rarement Les Echos ou La Tribune pour les pages publicitaires ou offres d’emploi. Regrette de ne pas avoir pu faire des études d’architecture, d’éthologie, de science du langage ou de design. Profite de l’enchantement que lui procure son appartenance à la classe créative de ce pays.
Progressant dans l’âge se surprend à avoir un sens plus aigu de la trajectoire humaine.
A abandonné tout hédonisme et égocentrisme ludique et accepté l’exubérance déclinante de ces capacités cérébrales. Absorbe chaque matin 4 grammes de Selenium-ACE Optimum 50 + parce que l’âge n’est pas une fatalité. Évite de penser que 7000 litres de sang circulent quotidiennement dans son cœur. Évite aussi de penser que son « profil » se dessine désormais en algorithmes. N’a pas entrepris d’audit pour évaluer sa réputation numérique.
Éprouve un certain appétit à expérimenter les « choses » dont il se sent incapable…
Depuis plus de 18 ans, il convoque et organise des communautés provisoires. S’applique à en mesurer les degrés d’épuisement. Ordonne une partition au plus près du réel. Se joue des limites et enjeux relationnels qu’entretiennent l’art, le politique et l’économie. Porte un regard caustique sur la marchandisation de l’individu et du langage. Se pose surtout en organisateur. Provoque la rencontre. Nous invite à partager une expérience dont le bénéfice dépendrait de notre capacité à accueillir l’autre, à lui accorder une place. Cela présupposant ceci : être capable de cultiver la perte plutôt que l’avoir…
Séances et tarifs
Autour du spectacle
Rencontre avec l'équipe artistique à l'issue de la représentation du mercredi 2 avril
Générique
Conception, scénographie et direction : Michel Schweizer • Collaboration à la mise en scène : Agnès Henry • Avec : Alexandre Blais, Elena Lecoq, Stanley Menthor, Inès Perron, Louise Phelipon • Accompagnement artistique : Carole Rambaud • Conception sonore : Nicolas Barillot • Création lumière : Éric Blosse • Concepteur du dispositif ludique : Christian Martinez • Régie générale : Yvan Labasse • Direction de production : Emmanuelle Paoletti • Administration et production : Élisa Miffurc • Sculptures et photographies : Maarten Ceulemans
Production 2025 LA COMA • Coproduction (en cours) : ZEF, scène nationale de Marseille ; TnBA, Théâtre national de Bordeaux en Aquitaine ; La Manufacture CDCN Bordeaux.La Rochelle ; OARA – Office Artistique de la Région Nouvelle-Aquitaine • Avec le soutien à la production de Scènes de territoire Scène Conventionnée d’Intérêt National / Agglomération du bocage bressuirais • Avec le soutien de la Métive, lieu international de résidence de création artistique Avec le soutien du TAP – Théâtre Auditorium, scène nationale de Poitiers • Accueil en résidence : Scènes de territoire Bressuire ; Agora PNC Boulazac ; Glob Théâtre, Bordeaux ; Tnba Bordeaux ; Manufacture CDCN Bordeaux.La Rochelle ; La Métive Moutier d’Ahun • Partenaires auditions : Centquatre, Paris ; Malandain-Ballet Biarritz ; TnBA, Théâtre national de Bordeaux en Aquitaine ; Mille Plateaux, CCN de La Rochelle ; Manufacture CDCN Bordeaux.La Rochelle • Visuel et sculptures : Maarten Ceulemans • Agence de presse : Plan Bey